dimanche 26 novembre 2006

La Chanson de mon père, celle que j'aimais par dessus tout, il la chantait d'une manière tellement émouvante, écoutez, si vous le pouvez

LA CHANSON DE CAMIL :


La “ chanson de Craonne ” demeure la plus émouvante complainte des tranchées. La hiérarchie militaire avait offert un million de francs or et la démobilisation à qui lui donnerait des renseignements sur le ou les auteurs, sans succès.
Cette chanson fut popularisée par l’écrivain Paul Vaillant Couturier et par le Journal ~ L’Humanité ~.
Et Camil la chantait en toute occasion. C’est un soldat blessé et convalescent qui le lui a apprit. Ce soldat ne repartit pas à la guerre, il préféra se suicider en se jetant du haut de la cascade du Saut de la Cuve. Plus personne ne se souvient de son nom : c’est notre soldat inconnu.

La chanson de Craonne :

« Quand au bout d’huit jours, le repos terminé
On va rejoindre les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c’est fini, on en a assez,
Personne ne veut plus marcher.
Et le cœur bien gros comme dans un sanglot
On dit adieu aux civelots.
Même sans tambour, même sans trompette
On s’en va là-haut en baissant la tête.


Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, c’est pour toujours de cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau qu’on doit laisser sa peau :
Car nous sommes tous condamnés,
Nous sommes les sacrifiés.


Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu’un qui s’avance :
C’est un officier de chasseurs à pied
Qui vient nous remplacer.
Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

C’est malheureux de voir sur les grands boul’vards
Tous ces gros qui font la foire.
Si pour eux la vie est rose
Pour nous, c’est pas la même chose.
Au lieu de s’cacher tous ces embusqués
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens, car nous n’avons rien,
Nous autres pauvres purotins.
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs-là.


Ceux qui ont l’pognon, ceux-là r’viendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s’ra vot’tour, messieurs les gros,
De monter sur l’plateau :
Car si vous vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau. »

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