dimanche 26 novembre 2006

Extrait de deux livres 1 On avait des visières de toutes les couleurs 2 Je veux revoir maman ( avec mon autorisation) d'Alain Vincenot.

A vous Jonathan Benjamin Alexandre et vos cousins cousines
Quelques mots pour le dire......... Je pensais que ce n'était pas trop difficile de conclure. Avec un peu de temps Avec toutes ces émotions qui m'ont percées la peau je pensais. Je pensais pouvoir étaler une conclusion.
Je croyais pouvoir dire quelques mots bien sentis. Je voulais reprendre la formule de Benjamin : Mon rêve se serait que ma famille ne s'arrête jamais.
J'allais m'en écarter pour y revenir. Dire et écrire : tu vois elle a bien failli s'arrêter. Il s'en est fallu de peu. De si peu.
De si peu oui mais elle était là. Se battant sur tous les terrains.
Contre le chagrin, le découragement. Contre la faim. Contre le froid. Contre la fatigue.
Il fallait du pain, il fallait des sous, il fallait manger et se protéger. Il fallait protéger ses enfants. Et ses nièces. Il fallait négocier un camembert sans ticket. Il fallait courir tous les dangers. Il fallait dire à sa fille : vas tu ne risques rien. Va ma fille. Demande un peu plus de pain un peu plus de viande. Débrouille-toi. Il fallait faire confiance à une fille de 10 ans et à des garçons de 7 et 8 ans. Il fallait ne pas dépenser tous ses tickets. Cacher son étoile. Aller le soir sans étoile. Il fallait s'occuper des gamines et du bébé. Et des nièces sans parents. Il fallait donner les tickets du vin à certains voisins Pour qu'ils veuillent bien se taire. Il fallait regarder la rue. Il fallait prendre le train. Il fallait prendre le bon train. Il fallait ne pas faire pleurer la petite Il fallait demander le bon renseignement. Regarder dans les yeux le bon flic Le bon quidam. Il fallait envisager le repli. Il fallait envisager la famille qui aiderait. Il fallait monter les escaliers. Déchirer les scellés. Prendre du tissu Descendre l'escalier sans se faire remarquer. Ne pas se faire remarquer. Aller au dispensaire. Chercher un passeur. Prendre des nouvelles. Dire : il faut qu'on parte. Dire Non il faut rester, le danger est trop grand. Dire Oui très vite. Il fallait s'appuyer sur plus faible que soi.
Sur éventuellement plus fort. Sur le goy. Il fallait savoir le prix à payer. A ne pas payer. Il fallait penser au pire. A la mort. A la vie aussi. Surtout il fallait survivre.
Il fallait oublier le moins de choses possibles. Il fallait être en éveil. Toujours. Il fallait le soir aller aux nouvelles. Il fallait donner des tickets de rationnement pour un silence ou pour une cigarette. Il fallait demander et savoir insister. Il fallait décider. Il fallait coûte que coûte protéger ses huit gosses. Il fallait les faire aller à l'école. Il fallait respecter le vœu des parents déportés pour que les nièces aillent dans l'école choisie par eux.
Il fallait faire sauter les scellés et les verrous. Il fallait coudre des culottes et des pantalons. Et des rubans pour faire des flots dans les cheveux des filles.
Il fallait se mettre en danger tout en se protégeant. Il fallait prendre des risques insensés.
Tout ça et pas seulement tout ça elle l'a fait.
Cette femme au doux nom de Perla.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Comme c'est bien écrit,,,
Il a eu son train...avec chaussures et video...
Bisous